En 2016, la marque de créations en carton tunisienne « The Lim’s » est née. Ideo magazine a visité en exclusivité son appartement-atelier-showroom. Retenez bien ce nom, il pourrait bien révolutionner votre décoration d’intérieur!
Une jeune femme souriante nous ouvre la porte d’un appartement à Ennasr. C’est Saoussen Mahfoudh, la créatrice de “The Lim’s”. Un parfum de figue de barbarie nous enveloppe, nous apaise. Ça y’est, nous y sommes. Nous entrons dans son univers.
//The Lim’s: la femme derrière ce beau projet
Autour d’une tasse de thé vert, cette passionnée nous parle avec amour de son métier. S’en est contagieux. Designer mobilier de formation, elle se destinait au début à la recherche. Mais au bout de 4 ans, cette hyperactive de la création devait passer à l’action. Sur les bancs de l’école, elle a appris qu’il y a 60 ans, Franck Ghery a lancé le premier meuble en carton. Ce fût pour elle une révélation. C’est à ce moment que Saoussen décide qu’en Tunisie aussi, le mobilier de demain sera en carton. En janvier 2016, elle s’enferme toute une année dans un atelier pour penser aux techniques de création et de conception. Humble, quand on lui demande d’où vient son inspiration, Saoussen répond “Je ne sais pas”. Et pourtant, elle a les yeux ouverts sur le monde et s’en nourrit perpétuellement. Un rien l’inspire. Certains produits marchent, d’autres moins. Mais tant pis, pour elle c’est obsessionnel, vital. Elle continue à créer et elle continuera, car à coeur vaillant rien d’impossible.
//The Lim’s: naissance et vie des créations
Saoussen est une source intarissable de créativité. Elle relève tous les défis, dans les limites du carton. Peut-être que le fin tatouage de Tanit, symbole de fertilité, qu’elle a sur le poignet gauche y est pour quelque chose. Allez savoir! Mais quand elle a une idée en tête, elle doit prendre vie. Au fil de l’interview, au détour d’une conversation ses yeux s’illuminent. “Je veux faire un crâne des Daft Punk!”. Une chose est sûre, elle le fera.
Pour elle, le design ne se résume pas à créer et à vendre. Il faut se poser les vraies questions sur les objets qui nous entourent et la plus importante pour elle: à quoi servent-ils? On dit qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture. C’est pareil avec ses meubles. Saoussen joue avec la résistance du carton. Son tabouret “Darbouka” peut supporter jusqu’à 150kg. Elle aime aussi intégrer quelques touches de notre patrimoine dans ses créations tout en refusant le kitsch, le too much, le déjà-vu. Les motifs arabesques des ses bibliothèques ou de son porte-PC en sont un parfait exemple. L’ingéniosité de ses créations tient également dans la multiplicité de ses usages. Les futurs acquéreurs peuvent se les approprier et en faire ce qu’ils veulent. Sa table basse “Tulipe” peut devenir un tabouret, sa collection “Salloum” (échelle en français) peut avoir autant d’utilité que votre imagination a de limites.
//The Lim’s, la démocratisation du design
Son pari sera réussi quand une majorité de personnes seront convaincu que le carton est LA meilleure alternative pour le meuble de demain. Quand on lui dit que ce challenge est celui d’un fou, elle rigole. Car elle est comme ça, pleine de bonnes énergies.
Les produits qui n’existent pas ici, elle les fabrique en carton, ce matériau aux multiples avantages. Sa couleur est apaisante, il est léger et s’accorde à tous les intérieurs. Mais surtout, il n’est pas cher.
Alors qu’elle visitait le musée du Louvre elle fait un tour à la boutique-cadeau. Elle y voit l’homme de Vitruve de De Vinci et voudrait se l’offrir. Trop cher. Elle se fera son propre homme de Vitruve, en carton. Grâce à son matériau fétiche, elle veut pouvoir s’offrir et offrir aux autres tout ce qui est habituellement hors de prix.
//The Lim’s, quand le design savant prend tout son sens
“The less is more” devient “The Lim’s”, faire le mieux avec le moins, c’est l’art de rendre le beau utile et utile le beau. Si la première apparition de la célèbre phrase “Less is more” se fait dans un poème de Robert Browning écrit en 1855, elle a été reprise en 1947 par l’architecte Ludwig Mies Van Der Rohe, un des fondateurs du design moderne et fervent défenseur du minimalisme. C’est au tour de Saoussen de prendre la relève. Elle le dit, “j’aurais tout donner pour inventer cette phrase” qui l’a bouleversée.
Le design savant la rassure. Ce choix du carton, elle en fait sa “lutte culturelle”. Un beau combat pour faire entrer chez les gens ce type de mobiliercomme une véritable alternative au bois et au fer forgé. Un choix de plus dans la gamme de matériaux. “The Lim’s” c’est un cercle vertueux de créations. Le carton est un matériau recyclé et recyclable. Il suffit de l’imbiber d’eau et il devient un engrais très efficace pour votre jardin. Chaque plaque de carton est optimisée au maximum pour ne rien gâcher. Avec Saoussen, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme.
À venir, un rocking chair en carton, un divan, une tête de lit “carte du monde”, la cage de Sidi Bou Saïd revisitée… et probablement mille et une autres idées qui surgiront de ce cerveau en perpétuelle ébullition.
Son compte Instagram
Comment s’offrir une création The Lim’s ?
Chez Jolla, Chez The Red Bee.
Dans son atelier à Ennasr – en face du café victoria.
Ou dans celui de Sfax.