- Couverture de Merminus Infinitif – ©Contraste Editions
Samir Makhlouf vient de présenter au public son dernier roman (Contraste Editions) le 8 mai 2020 bientôt disponible en librairie et sur Babelio.
«Bien loin dans la Haute Mer de l’Eternité Veille ton Royaume Insulaire»
Ce n’est pas Samir Makhlouf qui l’écrit mais il aurait pu le faire, les poètes sont éternels et leurs pensées nous appartiennent à tous. Samir Makhlouf rejoint avec son roman l’âme de Stephan G. Stephansson qui écrivit ces lignes en 1904.
L’auteur faut-il le rappeler est architecte mais son activité créatrice est dans la construction d’univers immatériels sur toile auxquels répondent ses textes, à l’infini.
Portrait de Samir Makhlouf – © Réalités.
L’écrivain a produit une vingtaine d’expositions personnelles, participé à autant d’expositions collectives en Tunisie, en Chine, en France, en Italie. Son univers pictural poétique a été salué par le «Grand Prix de la Ville de Tunis en 2019». Le peintre a écrit plusieurs romans et poèmes ainsi qu’une théorie de l’univers.
Merminus Infinitif: la mer. Un archipel inconnu devenu le centre du Monde. Un procès tout juste kafkaïen, retransmis sur toutes les contrées de la terre. Un fade accusé de crimes qui le dépassent se défend. Acquitté par la Vox Populi, il prend la tête d’une révolte imaginaire. Un redoutable procureur qui se noie dans la musique du célèbre DG voisin. Un pont. Un bateau à l’intérieur prétentieux .Des ogres. Un attentat qui condamne le microcosme à disparaître. Sur l’île Remadia voisine, se prépare la naissance d’un nouveau monde.
Ce court inventaire, cette succession de tableaux introduisent Merminus Infinitif comme une fable cosmogonique où l’on retrouve les univers de l’auteur : Un archipel aux hommes valeureux, les îles Kerkennah, qui s’éloigne dans la mémoire, abandonné des siens. Un pont-monument à l’image de celui de Mostar, peut-être, qui raconte un pays qui n’existe plus, la Yougoslavie. Une manière de considérer la vie comme un passage avec un mélange de légèreté et de tendresse envers tous ses personnages. Une mémoire immarcescible qui nous raconte ce qui n’existe plus, blottie dans son éternité.
La possibilités des mondes – ©Samir Makhlouf
Samir Makhlouf rejoint avec ce roman des univers singuliers. Celui de V.S Naipaul, l’un des conteurs les plus lucides de notre modernité dont le plus grand mérite est peut être d’avoir su faire entrer les personnages des déracinés dans le champ littéraire universel autrement que comme des êtres exotiques ou originaux.
Celui de Emir Kusturica, dont tous les films sont des hymnes aux sites, aux habitants, à la cohérence du Paradis perdu.
Il y aussi du Tchekhov chez Samir Makhlouf. On pense à la «Cerisaie» qui à la fin de la pièce est vouée à n’exister que dans la mémoire des protagonistes. Et puis Yukio Mishima dont la vie et l’œuvre se confondent dans une célébration désespérée d’un Japon magnifié.
Nous avons tous notre Royaume Insulaire personnel, caché. Autant d’exils célébrés. Merminus Infinitif est là pour nous le rappeler.