ConfiDoc porte un regard sur une Tunisie affectée par le coronavirus. Le projet est soutenu financièrement par le Danish –Arab Partnership Programme ( DAPP). Après le Liban, le concept est lancé en Tunisie. Durant une semaine cinq réalisatrices ont produit chacune un court métrage d’environ cinq minutes afin de contribuer à la prise de conscience de la pandémie actuelle et raconter leurs histoires particulières.
Les films sont diffusés gratuitement par la plateforme artify.tn. Ils racontent des histoires singulières et inspirantes qui sont autant de réponses à la crise. Cinq cinéastes nous invitent à entrer dans leurs univers, leurs pensées et peut-être aussi leurs joies, leurs colères ou leurs peurs.
«Paralysis» de Hinde Boujemaa met en scène une réalisatrice en panne d’inspiration qui se dédouble et se fait un vrai cinéma dans la tête entre elle et son double. L’une veut profiter du confinement pour se reposer et se laisser aller et l’autre veut absolument «faire». Des extraits d’«Autant en emporte le vent» s’installent dans le tableau et «Les piliers de la terre» de Ken Follet nous en disent long sur les protagonistes. Elles se gênent et s’affrontent mutuellement en compagnie du chat, royal, qui profite intensément de la situation.
Paralysis . (c) Hinde Boujemaa
«Deux mots» de Baya Medhaffar nous montre combien nous sommes attachés à l’électricité et à ses conséquences techniques : «low battery», «attachment mode», autant de «deux mots» pour nous rattacher à la fenêtre étroite portée sur le monde à travers un portable.
Deux mots .(c) . Baya Medhaffar
«Silencio» de Nidhal Guiga présente les grands gagnants du confinement : les animaux qu’ils soient domestiques ou pas. La vieille tortue rivalise avec l’élégance des chats.Les oiseaux paradent et les poupées posent.
«En attendant la résurrection” de Intissar Belaïd est une vidéo en forme de mise en abîme. On traverse un tunnel vers l’au-delà et l’on se retrouve sous un soleil de plomb. Le seul être «vivant» est un enfant qui joue avec la mer spectacle toujours recommencé.
En attendant la resurrection .(c) . Intissar Belaid
“Le chef de gare” est une vidéo de 5 mn sur “Le chef de La Gare” de Sidi Othman.
Il est à son poste depuis vingt ans et aujourd’hui confiné il ne voit plus passer les trains. La réalisation est de Erige Sehiri à qui l’on doit le succès phénoménal de “La voie normale”, le documentaire si riche, si beau, si poétique et si triste sur le chemin de fer tunisien en déshérence. A voir la lumière si particulière on peut deviner qu’il vient de pleuvoir .La seule sortie du chef de la gare est pour le petit boucher rose d’à côté qui fait aussi « chaoui ».Le « chef de gare » donne à manger aux poules qui elles sont en liberté et qui sauront rentrer seules au poulailler. C’est un bijou qui nous emmène sur les voies “pas normales” des grandes solitudes.
La vidéo montre les routes et les paysages grandioses de cette Tunisie filmée au printemps dans toute la splendeur des couleurs dont elle a le secret.
Les voies de midi quinze. Les voix qu’on imagine et les voies immobiles. La voix d’Ismahane qui chante “El Tayour”. La voix si belle, si indépendante d’une Diva à la destinée tragique de femme libre.
Le chant d’Ismahane se confond avec celle du héros aux gestes sûrs et au regard si profond.